#27 - 15 Janvier - 15 Mars 2024

#27 - 15 Janvier - 15 Mars 2024

ANNE DE RENZIS SEXPOSE

 

Devant les œuvres d’Anne de Renzis, on s’interroge tout d’abord sur notre propre regard, sur le registre dans lequel on les approche et de la manière dont cette artiste repousse ou déplace les curseurs de la pudeur, de l’acceptable et du politiquement correct.

L’exploit tient en sa manière de proposer des sujets dits osés en périphérie de l’érotisme et

de la pornographie, dans une équation esthétique à ce point équilibrée, que la forme sublime le fond.

Sa proposition ici est une vraie écriture graphique sophistiquée, répondant à une codification secrète et personnelle qui laisse juste entrevoir un début de sens universel, ce qui permet à chacun de faire sa propre interprétation de ces sujets fantasmés.

Une signalétique particulière oriente le regard et éclaire le discours sans le déterminer,

l’oblitération des visages de certains modèles interroge sur le lien entre l’anonymat et la

pudeur, entre le permis et l’inavouable.

Devant les œuvres d’Anne de Renzis, on sait ne pas être en présence d’un contenu personnel de l’artiste, narratif de ses propres fantasmes, mais plutôt la mise en lumière de frontières que tout à chacun doit délimiter dans son for intérieur.

Il y a là aussi une vision repositionnée de la sexualité du corps dans une société où il apparaît encore comme le premier objet de censure loin devant la violence, le crime et la guerre.

Là où les artistes, romanciers, réalisateurs, dépeignent la violence, le drame ou la guerre, elle peint le corps, le sexe et l’amour selon une vision romanesque débridée.

Tout cela fonctionne parce que les outils utilisés pour créer le contexte de l’ œuvre ont été

minutieusement élaborés et longuement perfectionnés.

La forme dans une précision graphique et la déclinaison chromatique élaborées et nuancées se démarquent des artistes des références du Pop Art comme Andy Warhol, Roy  Lichenstein ou encore Erro, qui travaillaient principalement avec des couleurs primaires audacieuses.

Les harmonies choisies avec minutie, comme s’il n’importait qu’à elle de les voir et les savoir, jouent rôle de notes et accords dans une alchimie dont on n’a au regard, qu’une infime partie de l’acte qui se joue ; ces harmonies traduisent délibérément et définitivement le regard d’une artiste femme, autant libératrice que libérée, et dont le propos de s’approprier l’image d’Epinal de la femme objet, soumise à la problématique du sexe et de sa pratique, de ses limites et de ses espérances, nous fait ressentir paradoxalement l’émergence d’un art résolument féministe dans sa plus belle version.

                                                                                                            Jean-Antoine Hierro

 

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